On n’a pas écrit autant qu’on aurait aimé sur le Salvador, alors on a décidé de s’y coller. Mais aussi de rassembler des dessins, des sons, des films et des photos pour proposer un carnet connecté. Ce sera un carnet de voyage, avec des dessins et des textes, et des QR codes permettront, en les cannant à l’aide d’un téléphone ou d’une tablette, d’accéder à des contenus supplémentaires, comme des films, des sons ou des galeries d’images.

Nous avons lancé une souscription pour obtenir un coup de pouce et estimer le tirage de cet ouvrage, c’est accessible au bout de ce lien :

https://www.helloasso.com/associations/les-productions-du-bazar/collectes/le-voyage-de-reze-au-salvador-carnet-connecte

Las Musas Desconectadas (« Les Muses Déconnectées », dans le sens « unplugged », musique acoustique), c’est un groupe de femmes salvadoriennes, jeunes, engagées, avec une audience respectable dans ce petit pays d’Amérique Centrale. C’est aujourd’hui un des seuls groupes de femmes auteure et compositrices du Salvador.

En 2008, le groupe des fondatrices rassemble des salvadoriennes et des états-uniennes autour d’un projet de batucada (ensemble de percussions du carnaval brésilien). Sous cette forme, elles progressent, et gagnent plusieurs prix lors de concours dédiés à cette forme musicale particulière. L’intégration progressive de membres pratiquant différents instruments fera évoluer le projet vers une forme orchestrale, une proposition entre pop, rock, reggae, musique traditionnelle, pour servir des textes engagés soutenant les droits des femmes et des hommes. Des voix puissantes et des arrangements précis, un groupe qui commence à être connu au Salvador.

La majorité d’entre elles ont aujourd’hui un métier pour compléter les revenus que leur apporte le groupe, il est complexe d’obtenir une reconnaissance publique et institutionnelle pour un groupe de musiciennes compositrices au Salvador. Architecte, clown, membre d’ONGs, Las Musas ont une vie bien remplie dans la grande ville de San Salvador. Ce sont aussi des mères pour certaines d’entre elles.

Les partenariats sont un des terrains de jeux préférés deMusas Desconectadas. Elles ont déjà partagé la scène avec de nombreux groupes locaux et internationaux, comme par exemple Luna de Anatolia, un autre collectif de femmes (qui semble cependant bien moins actif)

Nous venons de passer 4 jours extraordinaires, après la première prise de contact de la semaine passée, à répéter avec elles, des morceaux de leur répertoire, du nôtre, mais aussi en se pliant au jeu de la composition collective. Joyeuses, pros, créatives et efficaces, un vrai bonheur que de partager le studio de répétition avec elles, sous la direction artistique de Rézé, et avec les apports et les idées de tous.

Ces jours ont été rendus possibles grâce au travail de notre ami et allié Alejandro Labrador, qui nous a accueilli au sein du LAB, un studio de répétitions et d’enregistrement construit sur le site de la Plataforma Global à Suchitoto.

Plus de vidéos sur le canal du LAB ici.

Le résultat de ce travail sera rendu public jeudi 8 novembre sur la scène de l’Alliance Française à San Salvador, pour un concert unique qui promet d’être un grand moment de musique et de partage. Nous avons pu prendre le temps de les interviewer, de les dessiner, de filmer des images dans les rues de Suchitoto… plus de contenu sur Las Musas prochainement, des choses se préparent !

Pour fermer ce premier post sur Las Musas, quelques mots qui nous restent en tête, et que nous chanterons avec elles ce jeudi :

Nacimos y éramos solas,
Crecimos y éramos cientos,
Resistimos y ya somos miles,
Volverás y seremos millones

Nous sommes nées et étions seules
Nous avons grandi et sommes des centaines
Nous résistons et sommes déjà des milliers
Tu reviendras et nous serons des millions

 

en savoir plus sur Las Musas Desconectadas :

Facebook, Instagram, YouTube

toutes les photos de ce post : Copyright Las Musas / Gracias

Bloguer demande du temps et de la discipline. Le premier nous a plus manqué que le second depuis notre arrivée à El Salvador, c’est ce qui arrive quand on travaille avec des passionnés qui s’assurent que pas un instant de ce voyage exceptionnel ne soit perdu.

Voici donc un résumé de la première partie de ce Rézé Salvador Tour, pour compléter ce qui a déjà été posté sur les différents réseaux sociaux.

Installez-vous confortablement avec un bon café, chaussez vos lunettes, bonne lecture ! Un format plus digeste suivra peut-être pour la suite de l’aventure 😀 !

21/10

Rafraîchis par une longue nuit et une bonne douche, nous nous retrouvons en milieu de matinée pour partager le petit déjeuner « tipico » et continuer de préparer les ateliers qui nous attendent dès demain au Lycée Français de San Salvador.

Acheter quelques vêtements pour pouvoir nous changer, quelques adaptateurs électriques pour pouvoir brancher nos appareils, et nous prenons enfin un peu le temps de découvrir la ville de San Salvador depuis les hauteurs en montant sur les flans du volcan qui la surplombe.

Cette première journée se terminera dans une pupuseria du centre (les pupusas sont une des fiertés alimentaires du Salvador). Les pupusas, c’est l’alibi, le vrai motif est de rencontrer le groupe de Las Musas Desconectadas, avec qui nous allons collaborer pour partager nos musiques et en créer ensemble. Très belle soirée, nous rencontrons enfin celles que nous n’avons pour l’instant que vu en vidéo ; un groupe populaire ici au Salvador, des filles engagées, parlant notamment des difficultés que rencontrent les femmes dans une société plutôt patriarcale et machiste. Une belle rencontre, prometteuse en ce qui concerne la musique et l’énergie.

Étaient aussi présents quelques membres du groupe Tuyulu, une batucada (et aussi un réseau) créée il y a quelques années, qui sera présente lors des rencontres de percussions brésiliennes que nous animerons la semaine prochaine. Alejandro est très actif au sein du réseau des batucadas au Salvador, il a contribué à la création de plusieurs d’entre elles, et incité la création du réseau qui les unit et de l’événement annuel qui les rassemble.

22/10

Repérage lycée Français

On est frappés, en arrivant au Lycée Français de San Salvador, de la la qualité de l’équipement, et on se surprend à penser que l’on aurait aimé étudier dans un établissement aussi bien doté. Tout semble neuf, spacieux, lumineux, terrains de sport, piscine et mur d’escalade, et espace culturel prenant la forme d’une vrai salle de spectacle de 600 places.

Première répète avec Las Musas

Nous avons rendez-vous à la Casa Tomada pour prendre un premier contact musical avec nos nouvelles amies. Le lieu est très agréable, un centre culturel initié par l’ambassade d’Espagne, aujourd’hui indépendant. Resto, associations, salle de spectacle, studios de répétition et d’enregistrement.

Dans ce contexte plus qu’agréable, nous jouons nos morceaux et ceux de Las Musas, nous invitant mutuellement à participer, et nous esquissons les lignes de ce qui pourrait devenir une création commune.

23/10

Premier jour au lycée

Afin de pouvoir démarrer les ateliers à 7:30 le matin, nous devons arriver à 7:00 au Lycée Français. Nous décidons de devancer la première vague de trafic et de traverser la ville à 6:00 afin d’être sûrs de pouvoir démarrer à l’heure.

Nous enchaînons deux heures d’atelier avec nos groupes respectifs, avant dde consacrer une heure à la mise en commun, pendant laquelle nous pouvons initier les jeunes au croisement des pratiques qui nous est cher et maintenant familier. Chanteurs et percussionnistes proposent leur musique aux danseurs, alors que les dessins réalisés par les enfants défilent sur l’écran en fond de scène. Ce temps sert aussi de répétition pour le mini spectacle qui sera proposé aux parents le deuxième jour de notre intervention.  La réponse des enfants est très bonne et les enseignants semblent apprécier notre travail.

Deuxième répète

Pour le premier concert que nous donnerons au Théâtre National de San Salvador Las Musas seront représentées par leurs deux percussionnistes. Nous entamons avec elles un processus d’arrangement et d’écriture autour de deux compositions de Rézé. Comme il s’agit de rythmiciennes, nous axons le travail sur la polyrythmie et cherchons des moyens de donner une dynamique aux différentes parties des morceaux.

Les percus de Las Musas, sous des airs timides, absorbent tout ce qu’on leur donne, et sont force de proposition. Stefano, compagnon de Elisabeth, prend la basse pour renforcer la section des cordes et donner un peu plus d’assise.

24/10

Fin des ateliers et représentation au lycée

Les CE2 et CP ont travaillé avec nous la veille, ce matin c’est au tour des CE1 de découvrir notre proposition. La réponse des enfants aux ateliers et l’organisation générale étant au-delà de nos attentes, nous proposons ce qui était jusqu’alors la plus aboutie des formes que nous avions en tête, un mini spectacle mêlant les différents ateliers, en conviant les parents des enfants ayant participé. La réponse a dépassé toutes nos attentes et celle de la direction du Lycée Français, l’espace cuturel était plein comme un œuf et c’est devant plus de 600 personnes, parents et enfants inclus, que nous avons commencé notre spectacle. Les enfants sont ensuite montés sur scène avec nous pour partager ce qu’ils avaient visité avec nous durant ces deux jours. Très beau moment, excellents retour de l’équipe encadrante et de direction.

Repérage Teatro Nacional

Un passage par le bureau du régisseur général du théâtre nous fait découvrir que la situation est encore plus impressionnante que ce que nous craignions : nous avons à notre disposition pour jouer samedi prochain la salle du foyer du Théâtre National, mais cette salle est complètement vide et nous devons nous procurer et apporter tout l’équipement nécessaire pour réaliser un concert dans de bonnes conditions. Heureusement l’équipe de la Plataforma, l’ONG pour laquelle travaille Alejandro, a des ressources humaines et techniques qui nous permettront de réaliser ce concert. Nous rencontrons Wesk qui sera par la suite un allié précieux.


Musas, suite

Les répétitions continuent et nous commençons à prendre du plaisir à arranger, composer, et jouer ensemble. Nous partons donc sur deux morceaux avec elles, pour commencer,  et travaillerons d’autres morceaux avec le reste de leur groupe pour les prochains concerts. Improvisation vocale, détails des arrangements rythmiques, on fait de notre mieux pour affiner les morceaux que nous jouerons samedi.

25/10

Radios

Rançon de la gloire, nous avons ce jour 3 interviews dans des radios différentes, dont deux simultanément le matin ! L’équipe de la Plataforma a bien fait les choses, et la communication autour du projet est parfaitement gérée.

Radio Maya Vision

Xtoo, Rézé et Soifran se rendent de bon matin à Radio Maya Vision pour une première interview. L’intérêt de la journaliste est réel, Rézé et Soifran jouent deux morceaux en direct avec les moyens disponibles, minimalistes mais efficaces.

Orbita Radio

Pendant ce temps-là, Tereza, emdé et Wesk sont à Orbita Radio. Accueil professionnel et festif, dans cette radio à forte audience, après les questions sur le projet et son actualité, 3 morceaux du CD sont diffusés, et Tereza en profite pour mettre le feu au studio en faisant danser toute l’équipe de présentatrices de la chaîne.

Radio Ysues

Comme c’est l’heure de la répétition avec Las Musas, Xtoo,  Wesk et emdé assurent la dernière interview radio de la journée. Très bon accueil dans cette radio universitaire, le concept des sans-papiers abordé dans un des titres du répertoire les interpellent, résonnant avec l’actualité des migrants du Honduras et dans tant d’endroits du monde ; Cristian, le journaliste, cite le dicton : “Se te vas, eres cobarde, se te quedes eres cobarde también”. Dilemme de ceux qui, confrontés à une réalité politique ou économique inacceptable, peuvent passer pour lâches qu’ils restent ou qu’ils partent.

Dernière répète Musas

Tereza, Rézé et Soifran continuent le travail avec Las Musas et Stefano, une sensation de peinture fraîche persiste mais on commence à avoir de bonnes sensations. Détails logistiques, déroulé, nous nous préparons à nous retrouver au théâtre pour l’installation et la balance samedi. Tension et excitation sont palpables, nous présenterons deux morceaux tout frais, rythmes cubains et brésiliens, paroles en français, portugais et espagnol. L’équipe interview revient de Radio Ysues, et apprécie le boulot parcouru, emdé imagine comment il pourra illustrer cette nouvelle proposition musicale.

26/10

Radio ARPA

Réveil un peu avant 5h ce matin pour une autre interview, cette fois-ci Wesk accompagne toute l’équipe pour ce rendez-vous avec un réseau de radios communautaires. À nouveau, musique en direct, mais Tereza ne parvient pas – ce qui est très rare- à faire se lever la journaliste qui se montre timide devant la caméra qui retransmet l’interview en direct sur Facebook.

Répète Rézé

Nous profitons d’un répit en fin de matinée pour travailler le reste du répertoire que nous présenterons samedi, arranger la setlist, préparer les interventions de Tereza et les présentations en espagnol. Garder en tête le travail sur la narration réalisé lors de la dernière résidence tout en intégrant la participation de Tereza et de nos invités, challenge pas évident à tenir, Xtoo aide à avoir un oeil extérieur sur la proposition et sa cohérence.

TV GenteVe

Première TV pour ce projet ! GenteVe, chaîne à diffusion nationale, nous accueille pour l’émission « De Cabeza » animée par le jeune César. L’arrivée dansante de Tereza incite César à démontrer ses talents -relatifs- de danseur, mais le groupe ne se démonte pas et joue les morceaux prévus malgré une sonorisation plus qu’approximative. Merci à Gentévé pour cette première télé 🙂 !

Concert Stefano

Stefano Calles qui joue de la basse et chante avec nous dans la collaboration, est le compagnon d’Elisabeth, elle-même membre de Las Musas Desconectadas. Mais il est aussi membre de Los Bastardos , et nous sommes invités ce soir à assister à un concert qu’ils donnent dans une brasserie de San Salvador. Ils jouent une partie de leur répertoire, musique expérimentale entre pop, rock, world et funk, avec El Poeta déclamant slam et vers contestataires. Rapidement ils invitent Rézé et Soifran à jouer, Tereza s’emparant de leurs disques et en faisant l’article à travers le restaurant, parvenant à en vendre quelques uns. Fête généralisée dans le restaurant, Soifran se régale avec Efraïm, le percussionniste cubain, et celui-ci lui offre une magnifique güira, instrument frotté dominicain particulièrement sonore. Une soirée vraiment magnifique, encore merci à Los Bastardos !

27/10

Concert au Teatro Nacional !

Premier grand jour pour le projet, c’est aujourd’hui que nous proposons sur une scène notre travail et le début de la collaboration avec les artistes locaux. Comme vu lors du repérage, tout est à faire dans cette grande salle à l’acoustique difficile (sol en marbre, plafond hauts et fenêtres immenses. Nous tentons de respecter le timing prévu, mais les incidents se multiplient (notre console son a perdu sa connexion wifi, les lumières qui nous sont prêtées tombent les unes après les autres de leurs pieds, certain des câbles ne fonctionnent pas, l’écran est beaucoup petit que prévu, le calibrage de l’écran est récalcitrant…). C’est quelques minutes avant l’heure du spectacle que l’équipe parvient à se rassembler et à se poser un peu pour essayer de proposer une belle énergie collective. La salle est pleine, dehors il tombe des cordes. Quelques coupures de courant juste avant de démarrer (juste pour être sûrs que nous sommes bien en place au niveau technique) redémarrent console et projecteur, puis en croisant les doigts et en pressant quelques boutons tout rentre dans l’ordre.

Nous jouons le spectacle, belle énergie, un peu de tension, et le public nous accueille plus que chaleureusement. Les chansons et les dessins plaisent beaucoup, les interventions de Tereza sont ovationnées, la proposition est originale et applaudie par un public (en bonne partie) jeune et varié. Les morceaux avec Las Musas sonnent bien même si l’on sent qu’ils nécessiteraient un peu plus de polissage au studio. Nous quittons la scène heureux et fourbus.

28/10

Talleres de percusion brasileña

Nous avons rencontré Alejandro dans le cadre du projet Cie La Batook il y a une dizaine d’années, alors que Le Voyage de Rézé n’existait pas. Depuis ce jour, nous avons souvent rêvé à partager cette expérience avec les musiciens qu’Alejandro connaît ici au Salvador. Ce matin, une petite trentaine de jeunes venus des 4 coins du pays se sont réunis pour assister à un atelier de percussions brésiliennes.

Soifran, aidé par Alejandro, Xtoo et Tereza, leur propose de visiter deux morceaux de Bahia pour élargir leur vision de la musique du carnaval brésilien. La barre est volontairement mise un peu haut pour leur donner des pistes de travail, avec l’espoir de revenir consolider les travail en 2019 lors du rassemblement national annuel que le réseau Tuyulu organise. Cet atelier prend place au Planetario del Principito (Planetarium du Petit Prince), place dédiée à la culture où les familles se rendent les week-ends.

Le Voyage de Rézé, Planetario del Principito

Le dimanche après-midi, un festival permanent est proposé aux familles qui promènent dans le parc du Petit Prince ; toutes sortes de formes artistiques sont présentées sur la scène au centre du parc. Initialement une présentation du travail réalisé avec les batucadas était prévue, mais une bonne partie des musiciens ayant dû repartir (plus de 5h de route pour certains d’entre eux). Changement de plan, finalement nous présentons Le Voyage de Rézé, dans la forme de la veille au Théâtre National, avec la participation de Las Musas Desconectadas, et deux invités supplémentaires, Efraïm et Alejandro aux percussions.

 plus d’images de ce concert ici.

20/10/2018

Après 24h de transport, quelques traversées au pas de course (le tour de la gare de Grenoble, des aéroports de Munich et de Toronto pour cause de tunnel fermé ou de correspondances courtes), on pourrait se sentir légitime d’espérer un peu de repos. C’est toujours avec une petite appréhension que l’on observe le carrousel des bagages après un vol ; quelqu’un a-t-il ouvert ou volé mon sac, s’est-il éventré, la correspondance a-t-elle suivi… le plus souvent sans suite, heureusement. Cette fois, c’est devant le tapis qui se vide sans trace de nos valises que l’on sent une petite tension monter, jusqu’à la confirmation apportée par un employé que nos bagages sont restés à Toronto. On devrait les recevoir par le vol du lendemain, doigts croisés et espoir réglé sur max.

C’est donc légers et au bout de deux heures de paperasses que nous retrouvons Alejandro et Ana Ruth en prenant enfin pied sur le sol salvadorien.

Joie des retrouvailles, bonheur d’un rêve qui se concrétise, entrain d’un projet qui démarre.

Décembre 2007, Festival Noël au Balcon, Grenoble. La Cie La Batook propose un extrait de son spectacle à venir, « Soyons Sport », au public de cet événement pluridisciplinaire, dans la Salle Noire. L’accueil est chaleureux, la proposition mettant en scène deux équipes de batucada s’affrontant est fraîche et originale.

Un des photographes qui vient d’immortaliser l’événement vient voir les musiciens à la fin du set, les félicitant pour ce qu’il vient de voir et d’entendre.

On fait connaissance, on sympathise ; le gars, originaire du Salvador, petit pays d’Amérique centrale, est à Grenoble pour une paire d’années dans le cadre de ses études universitaires. Il s’appelle Alejandro et en plus d’étudier le management de projets culturels, il est excellent photographe mais aussi percussionniste. Quelques jours suffiront pour qu’il rejoigne la Cie La Batook , qu’il ne quittera que pour rentrer dans son pays natal, près de 3 ans plus tard.

C’est le début d’une belle histoire d’amitié, qui est en passe de voir s’ouvrir un nouveau volet ; Xtoo et Soifran, en charge du projet Cie La Batook à l’époque, participent aujourd’hui à la tournée salvadorienne du Voyage de Rézé.

Avec l’appui d’Alejandro et la complicité de Tereza, danseuse carioca et amie de toujours, Le Voyage de Rézé fait escale au Salvador pour une étape qui s’annonce incroyable ; ateliers, concerts, création musicale… à suivre sur le blog et les réseaux les 3 semaines à venir !

Petit clin d’oeil au néologisme de notre dessinateur préféré qui parle de Voyagitudes, j’aurais pu titrer « Créolité » ou « Créolisation » pour ce post qui aura l’ambition de clore ce chapitre du Voyage de Rézé à La Réunion. Il aura peut-être tardé à venir, le temps de se poser un peu à la fin de ces deux semaines un peu folles, et de récolter les images et les témoignages qui l’illustrent.

Kriké ? Kraké ! C’est par cet échange que l’on commence un conte ou une histoire ici à La Réunion, voici donc l’histoire de nos derniers jours sur l’Île.

Ziskakan à La Yourte

Deux jours après notre concert à la Yourte pour le festival Embarquement Immédiat, c’est le mythique Ziskakan qui a fermé le bal pour cette édition 2018. Chanson engagée, créol’n’roll ? Le groupe de Gilbert Pounia est une institution à La Réunion, depuis 1979. Quand le public, au moment du rappel, a réclamé son tube « Bato Fou », Gilbert a expliqué qu’il ne le jouait plus depuis que le représentant local des Insoumis l’avait cité et récupéré dans un discours à l’assemblée. Le voici ci-dessous, et un lien vers les paroles et leur traduction pour les plus curieux. Un cri pour dénoncer l’héritage de l’esclavage et la situation encore complexe des communautés et des réalités économiques à La Réunion.

Prenant le temps de discuter avec Gilbert, on découvrira qu’il se réclame d’Édouard Glissant et qu’il est un défenseur de la créolité, concept créé en 1989 par Patrick ChamoiseauRaphaël Confiant et Jean Bernabé.

« J’appelle créolisation la rencontre, l’interférence, le choc, les harmonies et les disharmonies entre les cultures, dans la totalité réalisée du monde-terre. (…) Ma proposition est qu’aujourd’hui le monde entier s’archipélise et se créolise ».

« Là où les systèmes et les idéologies ont défailli, et sans aucunement renoncer au refus et au combat que tu dois mener dans ton lieu particulier, prolongeons au loin l’imaginaire, par un infini éclatement et une répétition à l’infini des thèmes du métissage, du multilinguisme, de la créolisation » (Édouard Glissant, Traité du Tout-monde, 1997).

Le Voyage de Rézé au ZinZin

Le lendemain, dimanche 29 juillet donc, nous avons eu la joie de jouer Le Voyage au ZinZin, le café-concert qu’il tient avec sa famille à Grand-Bois. La joie aussi de rencontrer sa femme, Anny Grondin, et leurs enfants, Maya Kamaty et Wazis Loy.

Anny est conteuse et a ouvert la soirée avec deux de ses amies, contes tout en créole, à grands coups de kriké… kraké ! Fascination pour cette langue que l’on comprend toujours un peu mais jamais complètement, riche en images et en phrases chantantes.

Nous avons clôt la soirée en proposant notre Voyage à un public mélangé d’habitués des soirées contes et de nos amis sur l’Île qui commencent à être nombreux. Accueil chaleureux, public attentif, quel honneur de pouvoir terminer notre Rézé Réunion Tour dans ce lieu magique, où l’on peut voir les vagues de l’Océan Indien depuis la scène, où la gentillesse et la simplicité de l’accueil rivalisent avec la finesse de la cuisine. Mention particulière à Koko et Benjamin Gazar pour leur participation. Et à Nino aussi bien sûr.

Chez Tiluc

emdé continue d’enchaîner les ateliers dans le cadre du festival Embarquement Immédiat, et nous prenons finalement le temps de nous poser un peu avec la famille. Nous retrouvons Gilbert Pounia pour une soirée avec son voisin et restaurateur favori, Chez Tiluc. Rhums arrangés, carris et rougaïs alimentent les discussions sur la créolité et la musique.  Gilbert nous fascine avec ses histoires de tournées dans le monde, sa connaissance de l’Océan Indien, et nous trouve bien peu rock’n’roll quand nous déclinons l’invitation pour le dernier rhum.

Le Voyage tire à sa fin

Les jours suivants nous verrons randonner dans les montagnes, arpenter le ciel en ULM ou chercher les baleines au large de St Leu. Autant de raisons, s’il en fallait, de renforcer notre envie de remettre le couvert l’an prochain, en restant peut-être quelques semaines de plus dans ce pays magnifique.

épilogue

La parole est à Maya pour finir « Ansanm », ensemble.

« Dans un voyage, ce qui compte ce n’est pas la destination, c’est le chemin. »

Petit aménagement de ce qu’écrivait Robert Louis Stevenson, emdé nous donnait sa version de ces deux semaines de travail à l’IME de St André, et son avis sur l’intérêt d’une restitution. D’emblée tous d’accord avec lui sur le fait que l’expérience l’emporte de loin sur la quête d’un résultat, nous nous sommes tout de même pliés avec plaisir à l’exercice de la fête de fin de stage de ce « Village d’artistes », fête appelée pour l’occasion « Voyage d’Artistes ». Devant l’indisponibilité de la Cité des Arts de St Denis, l’équipe d’organisation avait dû se rabattre sur le champ de Foire de Bras-Panon. Lors du repérage du site la veille, nous étions effrayés par le côté immense et ouvert du site, la scène à plus de deux mètres de haut, le côté foire aux bestiaux…

Avec la bonne volonté de toutes les équipes et la présence de toutes les familles, le lieu est devenu presque chaleureux, en tout cas un bel écrin pour partager les bons moments vécus au fil de ces deux semaines de rencontres et d’ateliers. La réussite de ce moment, tant sur le plan humain qu’artistique, a permis à tous de tourner la page de cette expérience qui était une première pour beaucoup, à commencer par les structures organisatrices.

La journée avait commencé tôt, et elle promettait d’être longue puisque Le Voyage de Rézé était le spectacle d’ouverture du festival Embarquement Immédiat.

Après un nouveau petit tour du caillou, nous étions à St Leu, à la yourte du festival, pour installer la scène et préparer la soirée.

Acoustique exceptionnelle, dessinateurs dans le public, invités de marque, une petite réussite, un moment chaud et intense pour nous tous.

Hier enfin, changement de maison, nous avons quitté La Bretagne chez Hil pour nous rendre à L’étang-Salé, au sud, où nous posons nos quartiers pour une dernière semaine. Occasion parfaite, puisque nous sommes près de la mer et que la plage est toute proche, d’assister à la somptueuse éclipse totale de lune.

Ingrédients :

  • 3 artistes
  • un spectacle qui commence à être rôdé
  • un centre spacieux et (presque) tout le temps au soleil
  • 200 enfants et adultes avides de découverte
  • une équipe encadrante et administrative au taquet

Répartissez les artistes dans le centre. Ajoutez les groupes de jeunes et d’adultes. Choisissez un petit bout du spectacle, jouez le avec eux et laissez infuser ; faites mijoter en laissant l’équipe professionnelle mettre un tour de cuiller régulièrement pour faire tourner les groupes. Au bout de 10 jours, réunissez tous les participants et encadrants et jouez le spectacle. Finissez par le petit bout que tout le monde connaît.

Attention, prévoir gardes du corps et sortie discrète pour pallier aux débordements qui risquent de se produire.

En tant que métro (ou zoreille, c’est selon), je vivais dans le cliché tenace qu’à La Réunion il fait beau et chaud tout le temps. Mais l’hiver tropical a ses rigueurs, et même si les températures ne sont jamais très basses, il fait frais, au moins le matin,  et le vent est très souvent de la partie.

Mais notre bonne étoile s’est montrée active, et l’on a beau nous annoncer de la pluie depuis notre arrivée il y a dix jours, le soleil a occupé le ciel la plupart du temps. Sauf aujourd’hui, nous sommes descendus sous un ciel bâché et avons affronté quelques ondées tropicales bien senties au fil de la journée. Pour le moment elle ne durent jamais longtemps.

Et le soleil , c’est comme toujours, au fil des journées, le sourire, la musique, ce centre où se trame ce « Voyage d’artistes », restitution de ces deux semaines d’ateliers, qui aura lieu dans deux jours maintenant.

Ça chauffe pour emdé qui commence à animer aussi des ateliers au festival Embarquement Immédiat (en plus des ateliers au centre et des spectacles), et aussi pour Xtoo qui s’est vu confier l’organisation de la journée de jeudi, avec les 400 personnes du centre et la grosse dizaine d’ateliers (en plus des photos, des films, de la logistique et de l’organisation…)

Pas vraiment des vacances au soleil, mais beaucoup de bonheur.

Un peu de retard sur ce blog, dû à une légère sur-occupation du temps, quelques petits soucis avec le serveur, et un besoin de repos hier dimanche pour souffler un peu.

Jeudi prochain nous jouerons pour le festival Embarquement Immédiat , et nous étions invités au vernissage et au lancement du festival vendredi 20. Un festival pas ordinaire, du rêve, de la musique et des voyages jusqu’à plus soif, un événement sur mesure pour Le Voyage de Rézé !

Je parlais dans un précédent post du groupe des Faizeurs de Son, j’ai la chance de les avoir toute la semaine pour jouer avec eux des rythmes africains et brésiliens, que je troque contre des morceaux de leur maloya lourd et puissant, tout ça va sonner jeudi. Rézé avec les chanteurs et emdé avec ses dessinateurs passent nous rendre visite régulièrement, on échange, on partage, on joue.

Professionnels, artistes, nous rencontrons des gens hors du commun qui nous aident à prendre contact et construire avec le public particulier qui est le notre en ce moment. La bienveillance est de mise, tout semble bien réglé alors que les équilibres sont fragiles. Nous restons fascinés par ce monde où se côtoient et travaillent tant d’histoires, de vies, et aussi de traumatismes, de déficiences, d’espoirs et d’amour.

Samedi 21, journée de concerts. Le matin pour des petits bouts et leurs parents à la Kaz Fée Mazine, set matinal pour un public aux yeux grand ouvert, accueil chaleureux et pluie évitée, un peu dans le vent mais tant qu’on l’a dans le dos ça passe.

En fin de journée, un set dans le minuscule et charmant café concert l’Unikaz, où France-Line a su pousser les meubles pour que l’on puisse proposer notre spectacle. Une soirée tout en souplesse, énergie douce et positive. 

Dimanche 22, break pour toute l’équipe, on prend enfin le temps de voir un peu les merveilles de l’Île, rando, lagons et cascades.

Lundi 21, c’est reparti pour une nouvelle semaine. On profite d’une soirée un peu plus calme pour répéter et tester de nouveaux formats pour la projection des dessins, pour notre hôte Hil et ses autres pensionnaires, les Clownenroute. Moment privilégié pour profiter des retours et conseils de ces professionnels du spectacle qui ne connaissaient pas notre travail et ont un regard neuf sur ce que nous proposons.