Créolitudes
Petit clin d’oeil au néologisme de notre dessinateur préféré qui parle de Voyagitudes, j’aurais pu titrer « Créolité » ou « Créolisation » pour ce post qui aura l’ambition de clore ce chapitre du Voyage de Rézé à La Réunion. Il aura peut-être tardé à venir, le temps de se poser un peu à la fin de ces deux semaines un peu folles, et de récolter les images et les témoignages qui l’illustrent.
Kriké ? Kraké ! C’est par cet échange que l’on commence un conte ou une histoire ici à La Réunion, voici donc l’histoire de nos derniers jours sur l’Île.
Ziskakan à La Yourte
Deux jours après notre concert à la Yourte pour le festival Embarquement Immédiat, c’est le mythique Ziskakan qui a fermé le bal pour cette édition 2018. Chanson engagée, créol’n’roll ? Le groupe de Gilbert Pounia est une institution à La Réunion, depuis 1979. Quand le public, au moment du rappel, a réclamé son tube « Bato Fou », Gilbert a expliqué qu’il ne le jouait plus depuis que le représentant local des Insoumis l’avait cité et récupéré dans un discours à l’assemblée. Le voici ci-dessous, et un lien vers les paroles et leur traduction pour les plus curieux. Un cri pour dénoncer l’héritage de l’esclavage et la situation encore complexe des communautés et des réalités économiques à La Réunion.
Prenant le temps de discuter avec Gilbert, on découvrira qu’il se réclame d’Édouard Glissant et qu’il est un défenseur de la créolité, concept créé en 1989 par Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant et Jean Bernabé.
« J’appelle créolisation la rencontre, l’interférence, le choc, les harmonies et les disharmonies entre les cultures, dans la totalité réalisée du monde-terre. (…) Ma proposition est qu’aujourd’hui le monde entier s’archipélise et se créolise ».
« Là où les systèmes et les idéologies ont défailli, et sans aucunement renoncer au refus et au combat que tu dois mener dans ton lieu particulier, prolongeons au loin l’imaginaire, par un infini éclatement et une répétition à l’infini des thèmes du métissage, du multilinguisme, de la créolisation » (Édouard Glissant, Traité du Tout-monde, 1997).
Le Voyage de Rézé au ZinZin
Le lendemain, dimanche 29 juillet donc, nous avons eu la joie de jouer Le Voyage au ZinZin, le café-concert qu’il tient avec sa famille à Grand-Bois. La joie aussi de rencontrer sa femme, Anny Grondin, et leurs enfants, Maya Kamaty et Wazis Loy.
Anny est conteuse et a ouvert la soirée avec deux de ses amies, contes tout en créole, à grands coups de kriké… kraké ! Fascination pour cette langue que l’on comprend toujours un peu mais jamais complètement, riche en images et en phrases chantantes.
Nous avons clôt la soirée en proposant notre Voyage à un public mélangé d’habitués des soirées contes et de nos amis sur l’Île qui commencent à être nombreux. Accueil chaleureux, public attentif, quel honneur de pouvoir terminer notre Rézé Réunion Tour dans ce lieu magique, où l’on peut voir les vagues de l’Océan Indien depuis la scène, où la gentillesse et la simplicité de l’accueil rivalisent avec la finesse de la cuisine. Mention particulière à Koko et Benjamin Gazar pour leur participation. Et à Nino aussi bien sûr.
Chez Tiluc
emdé continue d’enchaîner les ateliers dans le cadre du festival Embarquement Immédiat, et nous prenons finalement le temps de nous poser un peu avec la famille. Nous retrouvons Gilbert Pounia pour une soirée avec son voisin et restaurateur favori, Chez Tiluc. Rhums arrangés, carris et rougaïs alimentent les discussions sur la créolité et la musique. Gilbert nous fascine avec ses histoires de tournées dans le monde, sa connaissance de l’Océan Indien, et nous trouve bien peu rock’n’roll quand nous déclinons l’invitation pour le dernier rhum.
Le Voyage tire à sa fin
Les jours suivants nous verrons randonner dans les montagnes, arpenter le ciel en ULM ou chercher les baleines au large de St Leu. Autant de raisons, s’il en fallait, de renforcer notre envie de remettre le couvert l’an prochain, en restant peut-être quelques semaines de plus dans ce pays magnifique.
épilogue
La parole est à Maya pour finir « Ansanm », ensemble.
Ça fait du bien de lire ça le soir on voyage avec vous les gars c’est trop bien !!!
Ça a dû être un régal dans tout les sens du terme 🙂
Quel plaisir à lire!
On y était le temps d’un instant, au fil de l’article…
C’était bon ce voyage!
Vivement le suivant!!!
J ai écouté l émission sur ziskakan je viens .deSt Leu j étais instit puis suis venue en métropole pour me marier en 1972
A l époque j étais contre le parler creole..enseignant le français
J ai connu père René Payet..que ma famille fréquentait..on l aimait bien..il était près de tout le monde. Je ne savais pas que des mouvements comme ziskakan se formaient dans l ombre le fait noir..mais j avais une copine instit..on a échange une correspondance classe à classe..elle m a offert une k7 de votre groupe
J ai bien écouté tout votre travail.. d émancipation par le chant ce soir à la tv
J écris plein de poèmes.. en français.. je rêve qu ils soient mis en.musique..mais je ne trouve personne..je vous envie..merci pour tout ce travail..fait par tous les groupes et pour les anecdotes..bonsoir zot tout
Marie