Jour 8 – vendredi 27 mai – Curitiba
Le vendredi, le second atelier propose une initiation à l’écriture musicale. Rézé prend en main l’atelier avec l’aide de Sam. Ils ont préparé un petit refrain en français et en mooré qui servira de base pour poser les textes, les mélodies, et les improvisations des élèves. Nous avons un public varié, musiciens, compositeurs, une architecte, un philosophe ! Après un petit échauffement corporel, on commence à apprendre le refrain, avec un succès assez rapide. Les élèves sont enthousiastes et les informations passent vite. Par la suite, Rézé leur propose de s’asseoir et de laisser leurs plumes courir sur le papier pour avoir quelques mots à chanter, puis nous refaisons une ronde et alternons entre interprétation personnelle et réponse du chœur.un cadre idéal pour travailler et rencontrer le public brésilien.
Les rythmes burkinabés sont vite assimilés, les deux heures passent vite et terminent par un beau moment d’expression collective, énergie et joie partagée. À noter, un des stagiaires a quitté la séance à mi-parcours. Nous apprendrons plus tard qu’il s’est plaint auprès du personnel du cinéma, expliquant qu’il « compose depuis de nombreuses années, que nous ne savons pas à qui nous avons à faire, que cet atelier est une plaisanterie… ». Heureusement les retours des autres sont positifs et nous font penser que le grincheux n’avait pas compris le propos.
Le soir, nous passons un très bon moment à la découverte du samba à Caiçara, où Janine Mathias, une excellente chanteuse, fête son anniversaire. Même si nous avons déjà quelques sambas au répertoire, cet univers est inconnu de Sam, qui prend conscience de la richesse et de la diversité de cet art populaire. Le public chante à gorge déployée, les musiciens reçoivent le soutien de percussionnistes qui étaient spectateurs juste avant, les succès et les compositions s’enchaînent. Sam note la revendication forte de la « consciencia negra » dont font preuve les musiciens. Événement récent à Curitiba, ce « Samba da Nega », littéralement le « Samba de la Noire » est en effet le lieu d’une revendication pour une meilleure égalité des droits et des chances au Brésil. Le choix des sambas autant que les discours entre les chansons sont éloquents. Dans le sud les noirs sont minoritaires, et on réalise une nouvelle fois qu’il y a trois générations l’esclavage sévissait encore ici.